Un feu d’artifice, cinquante ans clignotant, tout en haut du bâtiment de ce qui était le dortoir des garçons.
J’y crois pas ! Si un jour, on m’avait dit que je vivrais cela, une telle pagaille dans la cour de mon lycée ; mon lycée, dont je garde malgré tout de bons souvenirs ; mais aussi d’y avoir été
soumise, mes copines et moi, à des obligations d’un autre âge, porter des bas en toute saison, interdites du port du pantalon, pas de souliers laissant voir nos orteils, coupables d’exciter les
garçons, mains gantées pour l’extérieur…les garçons d’un côté, les filles de l’autre dans les salles de classe. Pas d’initiatives, des devoirs, toujours des devoirs, sans apercevoir le moindre
commencement d’avoir des droits, obéir, sans discuter, blouses fermées jusqu’au col, sinon, une colle…
Je suis rentrée à l’âge de treize ans dans des locaux entièrement neufs, de ce lycée d’état, destinés à accueillir filles et garçons ensemble, à une époque où la mixité en établissement scolaire
était chose rare.
Alors le soir du cinquantième anniversaire de son ouverture, rien de plus beau que ce feu d’artifice, précédé de saynètes théâtrales ; l’uniforme, les consignes, retenues et jours de colle
distribués à tout va, sans discernement ni respect de nos personnalités, de nos différences, obligations quasi monacales, furent tournées en dérision ; je ne fus pas la dernière à m’y investir.
Quelle jubilation, ce fut pour moi !
Jacqueline Belleinguer (Lévy) http://jacou33.wordpress.com/2014/04/09/cinquante-ans/